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La Turquie, état laïc ?

sDSC02987La Turquie est un état laïc, c’est inscrit dans sa constitution. Atatürk, le père fondateur bien-aimé dont la statue orne chaque place de village en Turquie (et plutôt 3x qu’une), en a voulu ainsi. Mais la Turquie a bien évidemment aussi un puissant héritage musulman. (Par exemple, les sultans de l’empire ottoman portaient également le titre de ‘calife’, ou dirigeant de la communauté des musulmans.)

Une fois en Turquie on a vite compris que ce pays fait bien un grand écart en terme de pratique religieuse. A Istanbul, il suffit par exemple d’observer les jeunes filles dans le quartier de Tünnel, habillées sexy et faisant la fête, puis d’aller se promener dans certains coins de Fatih, où la majorité des femmes – incl. de toutes jeunes filles – portent le tchador (à la turc= visage découvert mais étroitement entouré du voile noir.) Ce contraste entre personne qui ‘a l’air laïque’ et celle qui ‘a l’air religieuse’ se retrouve dans une moindre mesure dans toute ville de Turquie.

Mon expérience de ces dernières semaines est que le religieux prime sur le laïc. A part Istanbul et Ankara, où on a bien pu observer des ‘comportements à l’occidental’, les villes et villages que nous avons traversés avaient des caractères ‘conservateurs’: majorité de femmes qui portent le foulard, difficulté de trouver de l’alcool, densité incroyable de mosquées, fervents appels des muezzins 5x par jour (6x en période de Ramadan… à notre grand malheur, un de plus à 3h du mat!), large majorité d’hommes dans les rues le soir venu, Ramadan (qui a commencé le 18 juin) pris très au sérieux… Dans l’extrême (nord-) est de la Turquie la domination du religieux est encore bien plus marquée. Au point où TOUT LE MONDE semble suivre le Ramadan ici et que même nous préférons nous cacher un peu pour manger en journée! A Doğubayazıt, une ville importante du Kurdistan turc où nous nous trouvons en ce moment, les seules personnes de sexe féminin dans la rue à la tombée de la nuit sont des mendiantes syriennes et des touristes (=moi !) – alors que ça grouillent d’hommes ! J’avoue que j’ai beau avoir déjà vécu ça dans d’autres pays, je suis fort choquée de constater que la moitié de la population ne semble pas avoir droit à la vie publique, le soir!

Toujours est-il qu’on ne remarque pas immédiatement de tensions entre les ‘laïcs’ et les ‘religieux’ (cette terminologie n’est surement pas la bonne mais je l’emploie par simplicité); au contraire, il n’est pas rare de voir des jeunes filles bras dessus-dessous, une en manteau et foulard, l’autre en petit t-shirt moulant. Les laïcs me donnent l’impression de s’être accommodés de la situation… Et cependant, il suffit de discuter avec certains d’entre eux pour comprendre que ça gronde! Avec l’AKP (Parti de la justice et du développement,  au pouvoir depuis 2002), le pays serait en train de ‘s’islamiser’ petit à petit, et les laïcs nourrissent une véritable haine à l’égard de Erdoğan (devenu président en 2014) pour ça. Heureusement que les élections législatives du 7 juin ont marqué une déroute pour l’AKP – peut-être un signe que les Turcs voudraient à nouveau plus miser sur Atatürk que sur Allah ?

En tout cas, laïc ou pas, ce pays est bien plus ‘moderne’ et riche que ce que je pensais. On a fait plein de bonnes expériences en Turquie, sans la moindre mésaventure. Vous pouvez voir nos photos de Turquie ici : Part 1 (frontière grecque-Ankara), Part 2 (jusqu’è la frontière iranienne). Demain on passe en Iran… bien curieux et un tout petit peu anxieux!

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Légendes photos: Ramadan oblige, tout comme les autres clients au resto, nous attendons patiemment devant nos plats que le muezzin annonce le coucher du soleil pour commencer à manger et à boire (A Sivas et Erzurum)

Fahrettin Fırat (Turkey)

sDSC03019Name: Fahrettin Fırat
Age: 35
Residence: Horasan (east of Erzurum)
Family: Married, 4 young children. Also shares his house with his parents and his younger brother
Type and size of farming activity: Milk business: 50 cows (incl. many calves); 7.5 ha (meadows, bit of wheat, vegetable garden…)
Work force: The whole family
Why him: We camped in his fields. He was super friendly (e.g he brought us dinner and fresh hot milk for breakfast) and eager to communicate with us.  He was very keen to participate in ‘my project’!
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Despite my few words of Turkish, the Lonely Planet phrase book, the google translator app and my printed sheet with questions in Turkish, the communication was quite limited! Therefore I’m just going to share some observations I made while staying at Fahrettin’s.

These people work hard! (Because of the hard physical work the men don’t do Ramadan despite being very pious.) Late in the afternoon, the men were still putting hay together and mowing grass by hand in some ‘tricky’ areas. The brother then got the cows to bring them back to the stable. It was the women’s business to milk them (by hand). The next day when we woke up at 7, the whole family was already working: Fahrettin putting hay together, his brother cleaning the stables, his wife working in the garden.

The main ‘piece of technology’ he owns is a small tractor. Otherwise they seem to work very traditionally. To the question whether he could live from farming and whether/what he liked about it, he simply answered ‘yes’. To the question ‘what is most difficult about farming’ he answered: ‘It is not that difficult’! Indeed, he seemed to be very happy about his life – so did his parents and his brother. I couldn’t really approach his wife, so I don’t know what she is thinking. But there was one teenage girl helping out milking (I think she was a niece) and she seemed to be ashamed that we saw her work in the dirt. I really wonder what Fahrettin’s children are going to think one day about this life…

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Picture 1: Fahrettin answering my questions! With his younger brother and son
Picture 2: The garden with the stable and the house in the background
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Picture 3: Fahrettin’s mother milking the cows
Picture 4: Already working hard at 7 in the morning

Noooon, le goudron fond !

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Photo 1: de loin, tout va bien! Les paysages sont superbes, le col est derrière nous, la route a l’air bonne… Photo 2: de près, ça donne ça! Aïïïïïïï, vous avez déjà roulé à vélo sur du goudron qui fond??? Au mieux, ça ralenti; au pire ça immobilise! Notamment quand le goudron qui fond est suivi de gravier qui se colle sur la roue pleine de goudron! Gravier qui par ailleurs va se détacher petit à petit et tomber dans le dérailleur dans un bruit particulièrement insupportable. Du coup, MEME EN DESCENTE C’ETAIT DUR AUJOURD’HUI, et une étape plutôt difficile à la base est devenue très difficile. D’ailleurs ce soir on a la forme en conséquence, avachis dans le lit de l’hôtel, alors que dans la rue c’est high-life! (on est en période de Ramadan et c’est vraiment la nuit que ça se passe.)

Il fallait ce petit gout de gueule, mais je dois admettre qu’en principe les routes turcs sont fort bonnes (‘Merci Aba Erdoğan’ – comme diraient les électeurs du AK party !) Le problème majeur, c’est qu’ils roulent juste vraiment vite… et que – ici en Turquie de l’est du moins – CHAQUE véhicule se sente obligé de klaxonner pour saluer notre présence. Quand c’est un petit ‘tüttüt’ de loin, ça va encore, mais quand ce sont les gros camions qui actionnent leur klaxon strident et mélodique (!) juste à ma hauteur, je m’effraie terriblement. Cependant comme juste après je vois le copilote me faire de grands saluts et de grands sourires, je ne peux guère me fâcher! Ils n’ont clairement PAS l’habitude de voir des cyclistes sur les routes – et ils sont juste sympas, ces Turcs!

Comme je parle de routes, j’en profite pour saluer mon ‘accessoire’ préféré de la (grande) route turque: la station-service ! Toujours avec petit shop super clean plein de ‘goodies’ tels glaces, jus, chocolat…, des toilettes, du thé gratos, de l’ombre, et un personnel charmant qui se fait un plaisir de communiquer avec nous – et tant pis si on ne les comprend pas! Un vrai havre de paix – que nous apprécions tout particulièrement maintenant que c’est le Ramadan. Car ici, dans l’est de la Turquie, ils prennent leur Ramadan très au sérieux, et le seul endroit où nous non-musulmans osons boire et manger en journée sans trop de scrupules sont ces stations-service.

Magnifique hospitalité et générosité turque

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Légendes photos: 1) Invités d’honneur chez une famille à Geyve. 2) On a campé dans le champ d’une famille de paysans près de Horasan et ils nous ont amené ce magnifique dinner!

Cela fait plus d’1 mois qu’on est en Turquie, et on aime beaucoup. Ce pays est étonnant, plein de contrastes, mais surtout plein de bonnes surprises. Il y a une chose que j’aimerais souligner tout particulièrement parce qu’elle me touche au quotidien, c’est l’hospitalité et la générosité des Turcs. Dès ma première nuit en Turquie j’ai été magnifiquement bien reçue par une femme et sa fille qui non seulement m’ont hébergée gratuitement mais se sont aussi données du mal pour me préparer un diner et un petit-déjeuner typique et copieux. Avec Raph aussi on a pu dormir chez un inconnu qui nous a fait à manger et est parti travailler en nous laissant son appart. Chagdas, l’ami d’un ami à Ankara qui nous a hébergés en nous laissant sa chambre (lui dormait sur le canapé) nous a bien fait comprendre qu’on pouvait rester aussi longtemps qu’on voulait. Un soir alors qu’on était un peu paumés dans une petite ville, tout un groupe de personne est venu nous aider à trouver une chambre dans un ‘hôtel’… et faire en sorte que ça soit gratuit pour nous (vu qu’on est étrangers… peut-être parce qu’on vient d’un pays pauvre tel la Suisse ?!!) En plus on nous a invités à diner avec toute la famille (voir photo), puis on nous a emmenés à une « circumcision party » et on nous a couverts de cerises pour la route! Et puis il y a tous ces gens qui nous invitent à venir boire un « chai » (= thé noir, LA boisson des Turcs) ou qui nous offrent un truc à manger – et tant pis si la communication reste hyper-limitée. Et toutes ces situations étonnantes où on achète par exemple tomates, concombres, abricots, cerises et qu’on nous fait payer genre 2 TL (clairement moins que le prix officiel), voire pas du tout… juste comme ça, parce qu’on est étrangers! Dans la même catégorie, un autre exemple : au resto, l’addition s’élève à 37TL (12€) mais on nous en demande que 30… imaginez un truc comme ça en Suisse ?!!!
J’ai beau réfléchir, je n’arrive pas à songer à une situation où j’aurais ressenti de l’hostilité à notre égard… au contraire, les gens semblent sincèrement contents d’avoir un échange avec nous. Même au niveau du ‘regard des hommes’ que je craignais un peu, je n’ai pas l’impression d’attirer l’attention de manière déplacée – faut dire que je suis une femme mariée ici… du moins au niveau de l’alliance 😉

Aujourd’hui on prend le bus (c’est bien beau le vélo, mais là il faut avancer un peu !) pour Erzurum, dans l’est de la Turquie… quand on dit qu’on va là-bas et qu’on poussera encore plus vers l’est, en terre kurde et apparemment très traditionnelle, les Turcs font la grimace… On est très curieux de voir comment on sera accueilli là-bas. Ceci méritera un post à part.

Kemal Bozkurt (Turkey)

sDSC02844Name: Kemal Bozkurt
Age: 60
Residence: Taşlık, near Gülşehir (Cappadocia)
Family: Married to Hava, 3 children
Type and size of farming activity: 0.25 ha cherries, 0.30 ha vineyards, 0.20 ha vegetables (tomato, potato, melon, watermelon, pumpkin); some chickens and bees to get eggs and honey for personal consumption
Work force: Him and his wife; his son when he has time (he has a job in the administration); sometimes the villagers help each other.
Why him: Oruk, the owner of the hotel where we stayed in Göreme, knows him and took us along to see him
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What do you do with your produces?
The cherries may be my greatest pride; I’ve grafted all my trees myself, using a strong wild tree variety called ‘marleb’. Unfortunately this year almost all my cherries have been destroyed by the strongest hail storm I have ever seen, 10 days ago. I may have lost about 25000 TL (1TL ̴ 0.34 €), but I will only get reimbursed about 6000 TL by the state. Next year I will need to contract an insurance, otherwise the state won’t pay me anything at all next time a natural disaster may hit again.
I sell my vegetables and melons to vendors who come here to get the produces and will sell them on the local market, or directly to consumers driving by on the street.
I used to sell my grapes to the local wine factory but they pay very little. I realized that I could make more money by selling the grapes in the same way I sell my vegetables.

This is a semi-arid region with little precipitation in the summer. How do you irrigate?
Water is actually not a problem in this region; there are a lot of underground water reserves. However, you have to be able to access them. I got my own pump installed to get the water at 150m below ground level. This represented a high investment. Poorer farmer are not be able to get their personal pump and struggle more with irrigation.

Do you use any chemical pesticides or fertilizer at all to protect and nurture your plants?
I only use chemicals against the potato pest ‘colorado beetle’, which is nearly impossible to eradicate otherwise. This pest didn’t exist in Turkey 20 years ago; I think it was introduced by the Americans and the Europeans, alongside the pesticide to treat it! Otherwise I don’t use any chemicals – only natural and mechanical methods for weeding and fertilizing. I believe that my produces not only taste better without the use of pesticides, but that they are also healthier; I think that pesticides are one of the reasons why so many people die of cancer. But I don’t have an ‘organic certification’; the requirements to get it – such as no pesticide treated products in a perimeter of 5km – are nearly impossible to fulfill here.

How much do you work, do you have any free time at all? Do you like your work?
Here we say that if a farmer would look at his watch for working hours, he would starve! Yes, it his hard work; however, the work is cyclical, there are times, like in the winter, when I’m less busy. In my free time I would usually take care of my machines [laughs]. However hard it is, I love this work. There is nothing more important than farming. Think about it, even an army general and a professor have to eat; and the food comes from the farmers! Personally, I take a lot of energy from the soil. I love the idea that the soil gives me something which I can then give to other people.

Has your life as a farmer improved over the years and why?
Yes, it has. The Turkish economy has grown a lot over the past 15 years; and when the economy is growing, farmers are benefitting too. Moreover, mechanization – the use of tractors in particular – has really changed our lives.

How do you see the future of farming in Turkey?
I think that small farmers like myself will become extinct one day! The consolidation has started: farms are getting bigger, but fewer; many farmers leave the countryside to go look for work in the city. This is the way things are, I’m quite fatalistic about it. Personally, I don’t want to think about what is going to happen to my farm once my wife and myself are too old to take care of it. My 2 daughters are not interested in farming; my son would like to take over the farm but his wife is totally against it.

Picture captions:
–  The house where Kemal and Hava live
–  Some of Kemal’s cherry trees and one of the machines he uses for weeding
–  Damage done to the cherries by the recent hail storm
–  Kemal has made a ‘miniature-graft’ to explain how grafting works

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Pensées vagabond sur routes turques

sDSC02801 [Observations] : Champ de blé, cerisiers croulant sous les fruits, vendeur de cerises au bord de la route («je commence à avoir faim»), vielle R12 qui nous dépasse («tiens, ils étaient à 7 là-dedans»), Panneau ‘Aksaray 12km’ («ouf!»), cadavre de chien/renard/belette/serpent, goutte de sueur qui tombe sur le guidon, chant du muezzin au loin («il doit être 13h10»), frein qui grince, 5 femmes en pantalon bouffant en-train de désherber, «aargh, encore du goudron qui fond», «cette colline est surement un vieux volcan», tortue qui tente de traverser la route («petite idiote, dans 2’ tu seras réduite en crêpe»), tracteur, petits vieux qui prennent le thé (« Merhaba! ), moissoneuse batteuse («modèle année 60»), lac tout vert, village au loin avec 3 mosquées, «salutsalutsalut», magnifiques fleurs sauvages, vendeur de melon qui veut qu’on s’arrête, pédale qui se met à grincer, campement de tentes («ça doit être des réfugiés syriens»), décharge, brise légère venant de face, nuages de plus en plus nombreux («est-ce qu’il va pleuvoir?»), «wouah, je fais du 45 à l’heure», «oh, ce sont des cigognes», troupeau de chèvres («où est le chien? J’espère qu’il y a un berger»,  grosse montée en face (« noooon, encore?! »), «C’EST TROP BEAU!! »…

[Pensées pratiques] : «Dans 1h on devrait être arrivé», «ce soir je vais changer de chaussettes», «je me demande si on va trouver un hôtel dans la prochaine ville », «Je n’aime pas quand Raph roule sans les mains sur son guidon, il va finir par se casser la gueule!», «à 13h au plus tard on s’arrête pour manger», «il faut encore acheter du pain», «je devrais graisser ma chaîne», «je ferais bien de retirer de l’argent », «je ne dois pas oublier de répondre au mail de Maman», «ma petite douleur au genou me reprend», «je ne vais pas tarder à m’arrêter pour faire pipi», «ça serait bien de trouver de l’eau bientôt», «début juin on devrait être en Iran», «ce soir on doit checker l’horaire des trains»…

[Pensées intelligentes] : «Ca serait intéressant de faire un sujet sur l’irrigation», «en quelle année déjà est né Atatürk?», « bir, iki, ütch, dört, besh, altè…», « est-ce que c’est de l’orge ou du seigle? Ce soir je vérifie sur wikipedia», «Je suis le ténébreux , le veuf, l’inconsolé; le prince d’Aquitaine à la tour abolie… », « qu’est-ce que je pourrais bien écrire dans mon blog ce soir? »…

[Pensées inutiles mais réconfortantes] : «Est-ce que je vais manger des köfte ou des kebab au dinner? », «où déjà ai-je dormi ma 2ème nuit en Croatie?», «où peuvent bien être Becky&Rob à l’heure qu’il est? », « qu’est-ce qu’ils doivent être en-train de faire au boulot?», «ce soir ça serait entrainement de natation», « qu’est-ce que je suis contente que Raphaël soit avec moi maintenant :-)»…

[Pensées vraiment inutiles] : «Pourquoi tu klaxonnes, connard?!», « j’aimerais être moi il y a 1 an », « j’aimerais être moi dans 2 heures », « j’aimerais manger/boire un [truc impossible], e.g. Rivella, tarte à la rhubarbe, sandwich au pain paillasse, cornet ‘Extrême chocolat’… », «j’ai comme un pressentiment qu’un chien va débouler», «j’aimerais être au Joggeli/Schauenburgfluh/Pôle Nord/bureau», «ARRETE DE KLAXONNER», «mais qu’est-ce que je fous sur ce vélo de m… ! », « pourquoi me regarder comme ça, je ne suis pas un animal!»….

[Pensées interdites] : Désolée, c’est sacrément croustillant mais c’est CENSURE 😉

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Ankara vaut le détour

Tout le monde connait Istanbul, une des villes les plus touristiques au monde; personne ne va à Ankara! Sauf nous, qui venons d’y passer 4 jours, logés chez un ami d’un ami (Merci Vince, teşekkuler Dede et surtout teşekkuler Cağdaş!) Ces 4 jours étaient si agréables que j’ai envie de faire un peu de publicité pour la capitale turque!

Tout d’abord, un peu d’histoire: Ankara a été mentionnée dès 1200 B.C. et les maitres des lieux successifs y ont laissé des traces (Hittites, Phrygiens, Perses, Romains, etc, jusqu’au ottomans qui s’en sont emparé en 1414). N’empêche qu’en 1923 – quand Atatürk a décidé d’en faire sa capitale – ce n’était qu’un gros bourg d’à peine 30000 habitants. Mais la ville a rapidement été transformée en une métropole qui compte aujourd’hui près de 5 millions d’habitants.

Et maintenant voici selon moi quelques bonnes raisons pour un touriste de passer du temps à Ankara:

  • Pour Anitkabir, le Mausolée d’Atatürk: Les Turques vouent une vénération sans limite à leur père fondateur et le mausolée qu’ils lui ont construit sur une colline au centre d’Ankara est surement l’un des lieux – dédié à un seul homme – le plus grandiose au monde. On aime ou on n’aime pas, c’est impressionnant et extrêmement instructif.
  • Pour le Musée des Civilisations anatoliennes: Superbe collection, superbement présentée, dans un super vieux bâtiment restauré.
  • Pour ses hammams: Ce n’est pas qu’à Istanbul qu’il y a des ‘hammams historiques’, à Ankara aussi. Sauf qu’ici c’est bien moins cher et le service est bien meilleur! Aaah ce peeling à la poudre de café, ce savonnage ultra-mousseux, ce massage vigoureux… j’en soupire encore d’aise!
  • Pour sa gastronomie: Du resto chic au chai house, en passant par le local spécialisé dans les mezze&raki  ou les kebap, pide ou autre gözelme, il y a de tout ici, et dans une extraordinaire abondance!
  • Pour ses nuits trépidantes: Grâce à notre hôte qui n’a pas arrêté de nous emmener dans des bars branchés, des rooftop parties et des concerts, on a fait le plein de ‘nightlife’ – et tant pis si j’avais parfois le double de l’âge moyen et si je n’avais aucune chance de rivaliser avec le look des jeunes Ankariotes avec mes baskets et mes fringues en laine merino!
  • Pour le fait qu’il n’y a PAS de touristes ici! On a peut-être plus de mal à commander dans les restos, mais après la folie touristique d’Istanbul, ça fait franchement du bien!

Par contre IL NE FAUT SURTOUT PAS Y ALLER POUR FAIRE DU VELO! Presque aussi horrible qu’à Istanbul!

Légende des photos ci-dessous: Raph avec Cağdaş en haut de la citadelle; Mémorial d’Atatürk; statue hittite devenue l’emblème d’Ankara au musée mentionné ci-dessous; le hammam datant du 18è S où on s’est fait bichonner; un centre ville entier dédié au shopping; Iskender kebab, une spécialité de Bursa = kebap sur pain frit baignant dans du beurre fondu – léger et sain, quoi!
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The fruits and veggies of Northwestern Anatolia

sDSC02483  sDSC02457I’ve seen a lot of ‘farming’ going on since I started my trip! Except for the Croatian and Montenegro coast, and some mountainous regions in Greece, I have mostly been cycling through very agriculture-rich regions. It has been a pleasure observing the various crops grown, the farmers working in their fields, the agricultural practices and how they sometimes vary from country to country. However, it has also been a bit frustrating at times, because there is a lot I see, which I don’t understand and the communication with the people locally is difficult.

Now I’ve been joined by my boyfriend Raphaël who is not an agronomist either but who has been working on an organic farm in Canada for 4 years as an educator (he is a social worker); he is therefore much more knowledgeable than myself about agriculture – and also very interested in it. Thanks to him, I now feel more comfortable sharing some of our observations, even if they haven’t been backed-up by a local farmer or agronomist.

We have just spent a few days cycling from Istanbul to Ankara, in an area which must be very well-suited for growing fruits and vegetables (mainly between Orhangazi and Nallihan.) On my trip so far I have never seen that many plantations! I would simply like to share some observations made there:

  • A great variety of fruits and veggies is being planted, including the following (starting with what we have seen the most). Fruits: olives, cherries, peaches, nectarines, apricots, pears, melon, watermelon, apples, walnuts, kiwis. Vegetables: beans, cucumbers (greenhouse), tomatoes, zucchinis, artichokes, eggplants.
  • The plots are small – the agriculture is not very intensive.
  • The agriculture is very labour-intensive. It’s not rare to see 5-10 people (mostly women) working together in a field (for harvesting it’s obviously many more.)
  • Weeding seems to be done mostly by hand; however pesticides are also used (we have seen spraying machines.)
  • Tractors are used a lot but they are all very small.
  • Watering is essential. There seem to be 2 irrigation systems developed over time: the older concrete channels filled with water running along the larger fields; and a ‘drip irrigation’ system where many small tubes leading to the crops are connected to a central tube.
  • There are interesting ‘crop combinations’. For example, often beans are planted under the olive trees, or associated with tomatoes, with a few corn cobs at the edges of each row.
  • Chicken dung is heavily used as fertilizer.

We are now in Ankara and we’ll soon continue our trips through the drier plains of central Anatolia, where I’m very much hoping to interview a farmer!

Chasse aux visas à Istanbul

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Il n’y a guère eu d’activité sur ce blog ces dernières 2 semaines; c’est qu’il n’y a pas eu trop d’activité dans ma vie tout court! Depuis qu’on est à Istanbul on se repose – moi de toutes ces bornes à vélo (d’ailleurs quelques jours après m’être arrêtée de rouler j’ai commencé à avoir de sacrés courbatures aux cuisses, voire des crampes, qui ne sont toujours pas complètement parties – apparemment un phénomène pas inhabituel chez les cyclistes longue durée), Raphaël du stress pré-départ – du déménagement, des préparatifs, des achats dernière minute et des moult aurevoirs bien arrosés !

Istanbul est une super ville pour faire un break – surtout quand, comme nous, on loue un chouette petit appart juste à coté de Galata tower, dans le quartier le plus sympa de toute la ville 🙂 Là je viens de passer 20’ à réfléchir à comment j’allais pouvoir ‘résumer’ Istanbul en un paragraphe, mais je laisse tomber! Cette ville est trop fascinante et trop complexe, ça ne serait pas lui rendre justice, et plus que jamais je risquerais juste de faire du ‘mauvais Guide du Routard!’

De toute façon j’étais partie pour parler d’autre chose. Car voilà, notre douce vie de touristes un peu flemmards a été incommodée par le fait qu’on a eu à s’occuper ici des visas nécessaires pour la suite. Autant je n’en ai pas eu besoin jusqu’à présent (non plus pour les pays qui ne font pas partie de l’UE comme l’Albanie ou la Turquie), autant il nous en faudra pour tous les pays qui vont suivre (sauf pour le Kirghizstan).
Au consulat d’Iran – où j’ai dû mettre un foulard avant d’entrer – ça a été étonnement facile, mais uniquement parce que j’avais fait une demande préliminaire en passant par une agence de voyage. Bon, l’endroit était totalement bordélique et grouillant de monde, et on a quand même dû attendre 2 jours avant d’avant d’avoir le visa dans le passeport. Mais on a été fort bien reçu, et ça a été une expérience plutôt sympathique.
Se rendre au consulat du Tadjikistan, dans un quartier éloigné du centre, a été un peu galère, mais sinon, easy-peasy : Notre requête a été traitée tout de suite, on a pu remplir la demande de visa et payer sur place. En moins de deux on a reçu le visa – et en plus plein de bons conseils du staff charmant pour la visite de leur pays – ‘a very beautiful country’ !
Ce sont les Ouzbeks qui nous ont emmerdés! Leur consulat à Istanbul combine tous les clichés de la représentation diplomatique d’un pays ‘inefficace’! Gardien qui ne parle pas un mot d’anglais, portail qui s’ouvre de manière aléatoire pour laisser rentrer les gens au compte-goutte, attente interminable, raccrochage-au-nez au téléphone, processus de demande de visas opaque… Je ne vais pas rentrer dans les détails, en tout cas j’étais à 2 doigts de péter les plombs plus d’une fois dans cet endroit. Le pire ça a été mercredi, quand on y est retourné au bout d’une semaine pour chercher le visa qui aurait dû être près et qu’on nous a demandé de patienter jusqu’à 11h, puis 12h, puis 13h30, pour finalement nous dire à 14h de revenir demain ! Ce qui est étrange, c’est que les autres touristes qui ont fait la demande en même temps que nous l’ont bien eu mercredi… On ne sait toujours pas si c’est la tête de Raph sur la photo de son passeport ou mon ex-employeur qui ont fait douter ‘Tachkent’, toujours est-il qu’on l’a finalement récupéré aujourd’hui vendredi et qu’on est sacrément contents !
Là il nous manque le visa pour le Turkménistan (on ne pouvait pas s’en occuper avant d’avoir les visas pour les 2 pays limitrophes) – le ‘pire’ pays et le pire process… On verra ça à Ankara ou en Iran.

Demain on va enfin se remettre en selle. Raph vient de rentrer complètement en nage d’une petite sortie-test et on a réalisé que c’était plein de collines, voire de montagnes, en Anatolie de l’ouest… finie la belle vie, que l’aventure (re)commence!

Complainte d’une cycliste fatiguée

sDSC02027Aujourd’hui je suis arrivée à Istanbul, 68 jours après mon départ et avec 3872 km officiels au compteur! Bizarrement je n’arrive pas à m’en réjouir plus que ça pour l’instant. Je crois que je suis encore un peu stressée par cette journée et submergée par le nombre incroyable de touristes qu’il y a dans cette ville – et peut-être bien que je suis un peu énervée d’avoir, ce soir,  payé un verre de vin 3 fois plus cher que la moyenne de ces 2 derniers mois!
Ces premiers jours à vélo en Turquie n’ont pas été faciles. Ca a bien commencé cependant, avec un passage express à la douane, comme d’hab. Alors là, aucun scrupule, faut bien que le cycliste ait quelques avantages par rapport aux engins motorisés : la file de voitures et de motards qui attendent a beau être longue, je dépasse tout le monde sans regarder ni à droite ni à gauche, passe au guichet dès que ça se libère et récupère mon tampon en moins de 2 ! Ensuite j’ai tout d’abord halluciné sur la colonne de 5km (je n’exagère pas) de camions qui attendaient en face pour pouvoir entrer en Grèce. Je peux vous assurer que ça y allait avec les sifflets et les remarques-surement-désobligeantes-voire-salaces-que-je-ne-veux-surtout-pas-comprendre à mon égard! J’ai aussi remarqué comme l’environnement a changé assez radicalement. Il n’y a plus de collines ; c’est moins vert ; c’est hyper agricole mais d’un genre sale et délabré ; Ils roulent comme des malades… Pour la première fois on me toise parfois un peu ‘bizarrement’… et je n’ai bien évidemment pas manqué de tout de suite réaliser que les chiens de bergers étaient énormes !
Hier, les paysages se sont ‘verdifiés’ et ‘modernisés’. La route était bonne aussi, sauf que sur la moitié du trajet ils étaient en train de la refaire et là ça passait de 6 voies à 3 voire 2.  L’horreur pour les cyclistes; j’étais sérieusement obligée de mettre pied à terre à chaque fois qu’un bus ou qu’un camion passait pour éviter de me faire emporter. Il y a plus relaxant comme cyclotourisme!
Aujourd’hui je suis partie tôt et super motivée, il n’y avait plus de vent et pas trop de trafic, et j’ai avalé les 70 km jusqu’à Silivri quasiment sans faire de pauses. Là j’ai décidé de prendre le bus, comme on me l’avait recommandé pour éviter les derniers 50 km avant Istanbul particulièrement dense en trafic. Dieu comme c’était facile ! En moins de 2 le vélo et toutes les sacoches étaient dans la soute, moi à bord et on est parti. Je n’ai même pas eu le temps de finir mon lunch et déjà on était à Istanbul… enfin, à ‘l’otogar’, à 10 km du centre. Le pire endroit au monde ! Une petite ville dans la ville sur 3 étages, avec des 100aines d’autobus qui bougent dans tous les sens à des vitesses folles ! Réussir à sortir à vélo vivante de là a peut-être été le plus dure de la journée, mais c’était loin d’être fini. On m’a dit de prendre ‘l’otoban’ pour me rapprocher du centre, ce que j’ai fait… mais dans le mauvais sens ! Ça m’a pris 20’ pour me mettre en face et ensuite j’ai dû continuer à rouler sur cette route horrible pendant un moment. En fait la route est bonne, moi je roule sur la bande d’arrêt d’urgence qui est excellente; le problème c’est que cette bande est assez souvent bloquée (ce qui fait que je dois aller sur la voie des voitures) et qu’il y a des sorties à tout bout de champ (ce qui fait que les voitures passent par ma voie). Quand on sait qu’il s’agit en fait de milliers d’automobilistes, qui roulent tous comme des fous et pour qui un cycliste est la dernière des merdes, on peut aisément comprendre que c’était TRES TRES STRESSANT ! Mais plus on se rapprochait du centre, plus il y avait de feux rouges et de piétons, mieux ça allait. Et sur la fin j’ai même réussi à trouver sacrément cool de passer à vélo devant la mosquée de Suleyman, sur le pont Ataturk et jusqu’à la tour Galata !
Demain Raphaël me rejoint et un nouveau chapitre de cette aventure va commencer. Une chose est sûre, on partira de cette ville avec nos vélo mais pas sur nos vélos !

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Mon 1er soir en Turquie,  à Keşan, chez mes magnifique hôtes qui  m'ont bien motivée pour partir à la découverte d eleur pays

Mon 1er soir en Turquie, à Keşan, chez mes magnifique hôtes qui m’ont bien motivée pour partir à la découverte d eleur pays